Donc j’ai envie puis automatiquement, il y a des pensées qui viennent qui vont contredire cette envie, où je me sens vraiment motivé où dès qu’il faut franchir le pas, j’arrive plus à bouger (...)
Je vis avec ma mère en ce moment qui est à la retraite et je travaille dans la petite enfance dans une structure associative qui accueille un tiers des enfants porteurs de handicap.
Niveau amis et tout avec le covid et compagnie, on ne sort pas beaucoup.
Mais bon, il y a quand même les collègues de travail, avec qui on a une atmosphère assez familiale et conviviale donc, fin voilà quoi...
Niveau musique ben je suis plutôt… ce qui est doux… Ballades et musique classique.
En classique je suis plutôt sur du Chopin et pour ce qui est balade, ça alterne entre beaucoup de musique celtique et parfois quelques balades chinoises ou coréennes.
Je fais pas mal de sport à la maison avec des rameurs notamment, et des exercices pour rester en forme. Surtout avec le travail avec les enfants, vaut mieux faire attention à soi pour ne pas se faire mal. Je pratique en autodidacte du piano... j'ai appris… j’ai pris des cours de dessin il y a quelques années aussi.
Ce sont des choses que je fais régulièrement à la maison. Je joue à des jeux, je lis beaucoup, je regarde la télé. Un quotidien assez banal quoi.
Comme je vivais plutôt la nuit… pour plus ou moins éviter les contacts sociaux le jour... bah j’étais en général dans le noir et comme s'il y avait que la lumière des écrans qui était autour de moi et quelque chose derrière moi qui essayait de m’aspirer quoi… et en soit qui plus ou moins aspirait toute bonne émotion… tout…
Tout ce qui était bon était aspiré par le trou noir et il restait que le négatif autour de moi quoi.
Quand j'étais petit, j'étais plutôt quelqu'un de jovial qui aimait faire rire qui n’avait pas peur du ridicule qui… qui aimait bien être plus ou moins le centre de l’attention et petit à petit tout ça a disparu pour… laisser place à un manque de confiance, à une peur d'être regardé. C'est dans ce sens-là que je crois que tout a été aspiré. Tout avait envie d’être là, mais ça n’arrivait plus à venir quoi.
Ça a commencé plus ou moins vers les 12 ans, et progressivement ça s’est installé. C'est pendant cette période que je commençais à fuir les situations sociales, donc, à être déscolarisé… je me renfermais...c’est là que j’ai commencé beaucoup à m’enfermer dans tout ce qui est imaginaire, lecture, jeux en ligne, jeux vidéo, tout simplement. Et je ne sortais plus, alors qu’avant je me rappelle plutôt aimer aller faire du vélo, aller jouer au foot, sortir avec les copains, et là j'ai commencé donc à perdre tout contact avec les amis, vu qu’à chaque fois je disais non pour sortir, puis bon bah un moment on me demande plus, ce qui normal.
Il a commencé à y avoir aussi pas mal de conflits familiaux vu qu’ils ne comprenaient pas ce qu’il se passait autour de moi, et que j'étais plus ou moins dans un déni. Je ne voulais pas accepter avoir cette difficulté, plus ou moins accepter d’être différent. Je disais que j’avais pas envie d’aller à l'école, que je ne voulais pas voir les gens, que je jouais, donc petit à petit ça a commencé à créer un conflit entre moi et ma famille.
Ça a mené à toutes les phrases automatiques qui viennent : pourquoi je suis différent, pourquoi je ressens ça, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça… puis petit à petit j’aurai aimé être quelqu’un d’autre, ou ça aurait été mieux si je disparaissais, si j’étais pas là quoi. Et là, c’était plutôt vers les 16 ans que vraiment je commençais à ressentir fortement l’envie de ne pas être là, ou le souhait de disparaître.
Je vivais dans un environnement, enfin dans une ville où tout était assez violent autour de moi. A partir du collège, tout le monde était assez violent et donc si j’étais faible, je risquais d'être parmi les personnes agressées parce que y’avait signe de faiblesse. Donc, il y avait plus ou moins un système de défense pour ne pas être victime de tout ça, que je pouvais voir sur les autres. Enfin, y’a eu énormément de déni de ma part par rapport à mes crises d’angoisse et tout ce qui m’empêchait d’aller à l'école, et de continuer à avoir un cercle social.
Par exemple, quand un professeur me posait une question et me demandait d'aller au tableau, je sentais l'angoisse monter. J'avais soit le choix de me mettre en colère, soit le choix de montrer que j'allais pas bien. Et montrer que j’allais pas bien, ce n'était pas une option. Donc en général, je me mettais en colère et j’étais en conflit avec les professeurs, je répondais, j’insultais et tout. Rien de bien glorieux.
Les crises commençaient en général à venir plutôt par des pensées automatiques dénigrantes :« tu vois les gens vont se moquer de toi », « t’es nul », « tu sais pas faire »… et petit à petit, je me retrouvais étouffé par tout ça, et physiquement ça commençait à se voir, parce que je commençais à trembler, à avoir les yeux larmoyants. Donc je fuyais, soit par le conflit en laissant tout sortir de manière vulgaire et violente. Pas violente physiquement, mais violente dans la façon de parler, justement… pour que ça sorte, mais pas de façon à montrer que je ne me sens pas bien. Et en général, quand on m’envoyait chez le directeur, c’est là que je me mettais à fondre en larmes, à tout lâcher.
Le directeur et la psychologue du collège, ils voyaient bien qu’il y avait quand même beaucoup de souffrance cachée là-dessous, et ils étaient très compréhensifs. Ils essayaient comme ils pouvaient, vu que j’étais pas non plus le plus coopératif. Maintenant en tant qu’adulte, je vois bien qu’ils ont bien fait leur travail, avec ce qu’ils pouvaient faire.
J’avais plus ou moins envie de sortir, mais ça me faisait tellement peur. Par exemple, mon frère m’invitait le soir à aller au bowling avec eux, et je me disais automatiquement que ça allait être plus désagréable qu'agréable. Et donc, il y avait tout ce processus qui se mettait en marche pour trouver une excuse pour ne pas sortir.
Ce qui est très conflictuel avec la phobie sociale, et donc la dépression qui s’en est suivie, c’est le gouffre qu’il y a entre ce qu'on a envie de faire, et ce que mon corps accepte de faire.
J’ai envie, puis automatiquement, il y a des pensées qui viennent et qui vont contredire cette envie, où je me sens vraiment motivé et dès qu’il faut franchir le pas, je n’arrive plus à bouger, je me mets à trembler, ce qui menait à des crises d'angoisse. Enfin, ce qui était vraiment très dur au début avec ces symptômes phobiques, c’est la perte de contrôle de mon corps entre l'envie et la réponse automatique de défense que mon corps avait. J’étais dans la contradiction presque constamment.
J’ai rencontré une personne avec qui je suis resté en couple peut être six mois. C’était comme la plupart des relations que je trouvais à ce moment-là, c'était plus des relations médicaments que des vraies relations partagées. J’étais dans cette recherche constante de répit, de me sentir bien, et de me sentir aimé et estimé. Ça a dû être très éprouvant pour les personnes avec qui j’étais à ce moment-là.
Le vrai élément déclencheur, il était plutôt à 16 ans. Au collège, j’arrêtais pas de redoubler, vu que j'étais absent 9 mois sur 10. Puis un moment, j’ai 16 ans, je ne peux plus être au collège, et il faut essayer le lycée, donc j’ai essayé le lycée, puis là encore ça ne marche pas. D’un côté, j’espérais que le souci soit le collège et qu’à l’arrivée au lycée ça marche mieux, mais finalement non. Donc de nouveau, arrêt complet, déscolarisation complète et là j’ai finalement accepté de moi-même d’aller voir un psychiatre. J'ai eu un réel diagnostic sur la phobie sociale et j’ai commencé à vraiment lâcher prise. Je n’avais plus de raison d’être dans le déni, je ne pouvais qu’accepter d’avoir ces difficultés et d'avoir quelque chose à soigner, ou sinon je pouvais fuir et plus ou moins sombrer dans la dépression. C’est là que tout a commencé avec une première tentative de suicide.
Je me suis dit « je peux plus continuer de me voiler la face, il faut que je comprenne, que je vois s’il a vraiment quelque chose ». Le fait que ce soit réel, enfin que j’ai réellement un handicap, ça a été trop difficile, je ne me voyais pas dans la possibilité de gérer tout ça. Je me disais « je vais être comme ça toute ma vie quoi ».
J’ai commencé à me renfermer sur moi pendant ces quatre ans, en perdant tout contact social, en vivant dans le conflit avec ma famille et donc dans la culpabilité de faire quelque chose de mauvais. Et surtout, de pas pouvoir faire ce que j'avais envie de faire, parce que j'ai toujours aimé apprendre, j'ai toujours aimé l’école, je voulais y aller, mais je n’y arrivais pas, le matin j'étais paralysé par la peur, je restais dans mon lit, je pleurais toute la journée… en général, quand la famille rentrait de l’école ou du travail, j’allais de nouveau me cacher par honte, par culpabilité, dans mon lit en général.
Et après, vers les 16ans où je commençais plus ou moins à avoir mon propre rythme, vu que je n’allais plus à l’école, je dormais tard, et je me réveillais assez tard aussi. Pour éviter les gens, je me couchais vers 6 heures du matin, pour me réveiller vers 15h, 16h et c’était directement les jeux vidéo toute la nuit.
Je jouais en ligne, c’était mon seul contact social avec des personnes autres que ma famille, enfin c’était le seul moyen que j’avais d’avoir un contact social. Je pouvais vraiment y passer énormément de temps et en général, c’était jusqu’à 6h du matin, jusqu’à que j’ai plus de force pour rester debout, ce qui me permettait aussi de pas me mettre à réfléchir quand j’étais allongé quoi. J’essayais plus ou moins de m'assommer et d’éviter le regard de ma famille, donc je dormais quand ils étaient réveillés. Je jouais non-stop, non-stop, et je m’endormais soit avec la musique soit parce que j’étais trop fatigué pour ne pas avoir à réfléchir quoi.
Je ne ressentais pas non plus de plaisir à manger, c'était comme pour les jeux vidéo, comme pour la lecture, c’était un moyen de consommer et de remplir quelque chose qui était vide.
Parfois, enfin en grande majorité même, je culpabilisais d’être content. La culpabilité faisait que je ne pouvais pas, il y avait quelque chose qui aspirait directement à chaque fois que je me sentais bien, ça durait 5 minutes puis ça partait. Donc, j’étais plus ou moins constamment dans la recherche de ces petits moments de répits.
J’arrivais à m'amuser quand je jouais, à passer un bon moment, mais ça ne restait pas et ça laissait en général place à de la culpabilité après.
J’ai été à l'hôpital pendant une semaine, j’ai dû essayer l’hôpital de jour. Bah, c’était les médecins et j’avais un taxi qui venait me chercher, je n’avais pas vraiment le choix.
Il fallait faire quelque chose, et on me disait « tu dois aller là, tu dois aller là ».Je finissais par écouter, même si ça me provoquait énormément de crises d'angoisse, de souffrance.
Mais j’étais plus dans la résignation, dans le fait que de toute façon je ne contrôle pas ces crises, je ne contrôle rien et donc si on me dit il faut que j’aille quelque part, il faut que j’y aille quoi.
J’ai commencé à avoir mes premiers traitements antidépresseurs, et comme je ne voulais plus ressentir grand-chose, j’ai juste pris tout ce que je pouvais prendre et essayer de m’assommer quoi. Le réveil à l’hôpital était pas le meilleur réveil que j’ai eu. Mais, c’était plus ça, le conflit entre l’envie de mettre un frein à tout ça, d’arrêter tout, de dormir et de ne pas me réveiller, de ne plus ressentir tout ça, mais il n’y avait non plus pas l’envie de mourir, l’envie de faire mal à quelqu’un. Donc c’était assez contradictoire, et plus un appel à l’aide, pour dire je n’en peux plus là.
Il y en a eu deux autres. Une autre, je ne pourrais plus dire à quel âge exactement, où ça a été de nouveau dans le même type. Il y avait de la scarification qui s’est aussi ajouté à ça au fil des ans.
Et la troisième a été un mélange des deux, de scarification et de prise de médicaments. Et la troisième, qui est arrivée vers 22 ans, donc 6 ans après la première, ça a été plus ou moins le déclic, qui m’a donné envie de sortir de tout ça, et de trouver un moyen de m’en sortir.
Je voyais des psychiatres, mais pendant ces 6 années, ils m’écoutaient, ils me conseillaient, ils me donnaient des médicaments, ça m’aidait, c’était une béquille dont j’avais besoin à ce moment-là de toute façon, mais c'était pas ce qu’il me fallait vraiment pour arriver à vivre avec ma phobie sociale comme je le fais maintenant. Tout le monde me conseillait les thérapies comportementales et cognitives sauf que ça passait par un psychologue… et pour les psychologues, il n’avait pas de remboursement possible contrairement à un psychiatre. C’était très compliqué, étant à charge de ma mère, on vivait en général dans le rouge et à crédit, et donc ce n’était pas quelque chose que je pouvais demander, c’était quelque chose que je savais qui m’aiderait mais qui était inatteignable. Et justement, après cette tentative, à l’hôpital, je leur ai dit que j’étais fatigué et que j’en pouvais plus. J’ai envie de m’en sortir, mais j’ai peur et je sais pas quoi faire.
Donc et là on m’avait proposé d’aller dans une maison de repos, et juste après j’ai été contacté par un centre médico-psychologique en CMP avec une place libre en thérapie comportementale et cognitive. Étant en CMP, tout est gratuit, tout est pris en charge. J’ai quand même eu beaucoup de chance que ça m’est arrivé à ce moment-là
Directement j’ai dit oui, j’ai commencé à entamer cette thérapie qui m’a fait énormément de bien. Ça a été très difficile parce que en général, tout ce qui touche à la phobie, pour réussir à surpasser la peur, il faut aussi la confronter. C’était très difficile, mais j’avais envie, comme de toute façon pendant les 6 années précédentes j’avais peur. A partir du moment où j’avais eu le diagnostic vous êtes dépressif chronique, je me disais que j’avais quand même une excuse.
A ce moment-là, j’ai eu ce déclic : l’envie de me dépasser, l’envie d’aller mieux était plus forte que ces craintes et j’ai donc commencé cette TCC et c’est ce qui m’a fait le plus de bien. Ça passait, au tout début pour sortir de la dépression, par la mise en place de rituels assez simples, enfin qui me paraissaient... qui sont simples pour quelqu’un qui va bien mais qui étaient un calvaire pour moi à l’époque : prendre la douche tous les jours, commencer à me raser, à changer de coupe, commencer à prendre soin de moi. Alors qu’avant, je m’en fichais de moi… « je suis quelqu’un de pas bien, je ne mérite pas qu’on prenne soin de moi ».
Et donc ça a commencé par ça, et puis ensuite il y avait tous les exercices liés à la phobie sociale qui sont les exercices de mise en situation où on sortait dehors, où je devais parler fort, crier dans la rue pour appeler de loin et donc attirer l’attention…des choses bêtes comme rentrer chez moi avec du stylo sur le visage. Ça peut paraître bête, mais c’est juste pour faire comprendre qu’il n’y a pas de danger à être regardé, ou à être un peu embarrassé, et surtout à qu’avant ça pouvait être dangereux mais maintenant je suis un adulte et je commence à avoir les armes pour me défendre si quelque chose ne va pas, je sais parler, je sais réfléchir et donc si avant ça paraissait dangereux pour le petit Christopher, maintenant ce n’est plus dangereux.
Donc il y avait tous ces petits exercices, qui petit à petit m’ont permis de reprendre confiance en moi et, avec tous ces petits rituels de prises de soin et même en dehors des rituels, je commençais à m’occuper de moi, à me raser tel jour, tel jour, à me laver tous les jours, à me coiffer.
Il y avait aussi apprendre à faire des choses que j’ai envie de faire et qui me faisait du bien. Donc j’ai commencé à avoir envie de prendre des cours de dessin, à me mettre réellement au piano et surtout aussi au sport parce que bon avec tous les antidépresseurs, et ce que je mangeais car je remplissais mon estomac de tout ce qui passait, j’avais quand même pris presque 30 kilos, j’étais monté à 90 kilos alors qu’on a toujours été assez maigre dans la famille.
Et donc, j'ai commencé à faire du sport, à bouger. C’était toujours difficile de sortir donc qui est sport, dessin, j’ai toujours fait à la maison ou j’apprenais tout seul, mais quand même je faisais des choses, je commençais vraiment à m'occuper de moi, à réfléchir à quelles étaient mes valeurs, plus que quelles étaient les valeurs de la société, que la société voulait que j’ai...
Je me forçais vraiment au début. C'était pas facile et je n'arrivais pas à mettre du sens dans ce que je faisais. Et donc, je me suis plus ou moins robotisé si je puis dire, je me disais à cette heure-là je le ferais. Je le fais, et petit à petit…. j'ai réussi à trouver du sens. J’ai commencé à me sentir mieux justement en répétant tout ça parce qu’il y avait l’envie de m’en sortir.
Je me demandais beaucoup, en même temps, à chaque fois, de vraiment m'expliquer pourquoi ...à quoi ça sert, et tout…
Ne pas trouver de sens c’était, par exemple, cet exercice qu’elle appelait le journal des bonnes nouvelles. C'était juste noter, par jour, trois choses qui sont passées et qui m’ont fait plaisir. Dans ce souci de performance, dans ce souci de « il faut que si je note quelque chose, ce soit bien quand-même »… je cherchais vraiment des choses super, alors qu'en fait petit à petit j'ai compris que c’était dans les choses simples que j'arriverais à me sentir bien. Donc au début je cherchais énormément et je n’y arrivais pas, je revenais la semaine suivante avec rien d’écrit, j'étais frustré, puis, petit à petit en continuant d’essayer, j'ai fini par voir qu’un rien pouvait me faire plaisir et que ce rien finalement c'était beaucoup. Par exemple, le matin j’ouvre le volet et un rayon de soleil a touché ma main, la chaleur que ça a produit sur ma main m'a fait du bien. Ou j’allais à mon rendez-vous… et j’ai vu une fleur, une fleur sortir du bitume, et j'ai trouvé ça fort, agréable à regarder. Juste des choses comme ça. Et petit à petit, tout cet assemblage de petites choses fait énormément de… de bien.
Avant je ne regardais rien. Cet exercice-là particulièrement m’a aidé à regarder et à écouter mon corps. Avant j'étais renfermé dans mon corps et tout ce que j'écoutais, c’était le négatif qui était devenu tellement banal que je ne faisais même plus attention à… enfin c’était là, quoi.
Mon objectif, c'était d’arrêter de survivre et de commencer à vivre ma vie, commencer à vivre pour moi. Donc pendant 4 ans j’ai mis un frein à tout.
J’ai arrêté d’essayer d'aller à l'école, j’ai arrêté d’essayer d’aller en formation, j’ai arrêté les relations et je m'occupais que de moi.
Au bout de quatre ans, j’ai réussi à entrer en formation pour mon CAP petite enfance que j'ai eu au bout d’un an. Et ça a été mon premier vrai trophée. Si je puis dire … C'était plus ou moins une concrétisation et ça m’a encore plus motivé par la suite. Avant de faire cette formation, j'avais commencé plus ou moins à travailler à mi-temps en tant que baby-sitter. Ce qui m'aidait aussi, en lien avec toutes mes thérapies, à sortir, à avoir des responsabilités et un cercle social même si c’est professionnel... Retrouver cette vie professionnelle a été aussi un grand travail parmi toutes ces choses que j'ai mis en place pour m'en sortir.
J'ai toujours été sensible, empathique à tout ce qui est de l'enfance, à la psychologie de l'enfance, vu que c'est là que mes soucis ont commencé aussi. En fait, quand mes soucis phobiques ont commencé, je cherchais beaucoup sur Internet, sur la psychologie et donc l'émotion. La psychologie de l’enfant m'a toujours attiré depuis que je suis jeune et notamment les enfants porteurs de handicap.
C’est pour ça que j'ai choisi cette structure qui a une place sur trois réservé à un enfant porteur de handicap, ce qu'on trouve en général pas en municipalité pour problèmes logistiques. C’est souvent ce que l'on entend, en municipalité s’il y a un enfant porteur de handicap, il faut embaucher un adulte en plus. Sauf que là, sur les 30 enfants accueillis quotidiennement, on en a minimum 10 à 12 et on est une très grande équipe par rapport en municipalité mais ils ont besoin... les parents ont besoin, ces enfants ont besoin, et ils ont le droit d'être inclus dans la société. Ils ont le droit d’être là.
On accueille tous les types de handicaps : des enfants autistes, des enfants trisomiques, troubles du comportement quelconque, ou même handicaps moteurs ou neurologiques…enfin, on accueille de tout.
En fait, l'enfant nous ramène à une certaine réalité… qui nous fait dépasser cette peur qu’on a au début.
Il nous font oublier leur handicap, il nous font oublier nos difficultés à nous, et il y a quelque chose de reconstructeurs dans l'accompagnement de ces enfants.
Après, niveau relations comme je disais toute à l’heure, c’était beaucoup de relations médicaments mais... ce qui a mené à la troisième et la dernière tentative de suicide c’était la fin d'une relation de trois ans qui était très fusionnelle, très conflictuelle parce que la famille… enfin je n’’étais pas accepté justement parce que je ne travaillais pas, qu'on disait que j'étais malade mental, que j’ai un handicap mental, psychique, mais…enfin il y a eu beaucoup de rejet dans tout ça et une relation très difficile et très fusionnelle. Donc tout ça a toujours été lié à ce souci que j’avais de sur consommer : trop jouer, trop regarder la télé, trop lire… et là c'était pareil. J’aimais trop, mais j’aimais mal.
Il y a eu aussi un grand changement à ce moment-là, c'est qu'on a changé de ville. La ville assez violente dans laquelle j'ai grandi, où je voyais des choses horribles juste en regardant par la fenêtre… Elle n’était plus là. J’ai grandi à Grigny dans le 91, et on est passé ensuite à Fontenay-sous-Bois dans le 94, qui est beaucoup plus calme et moins anxiogène que là où j’ai grandi.
J’avais une psychologue vraiment géniale qui me faisait un prix par rapport à ce que je touchais, elle avait baissé son tarif pour moi, j'ai eu beaucoup de chance avec cette psychologue. Quand on est dans la dépression, quand on est adolescent, on entend souvent des choses assez fausses sur les psychologues ou les psychiatres, en entendant « ça sert à rien de parler à un inconnu », « j’en ai vu un et c'était nul et donc ça sert à rien ». C’est pas facile de trouver un ou des psychologues avec qui on s'entend bien, mais quand on en trouve un ou une, tout ce qu'on peut réussir à faire qu’on soit en situation de handicap, en dépression, ou qu’on aille bien et qu’on ait juste envie de ce soutien, c’est énorme.
Je la voyais les samedis matin. A ce moment-là, j’avais trouvé mon premier emploi, mais j'avais peur du temps plein. Donc, j’avais réussi à trouver un emploi qui ne cherchait pour l'instant que les mercredis. Je travaillais là- bas le mercredi, dans une crèche dans laquelle je travaille maintenant à temps plein justement.... que le mercredi et je continuais les baby-sittings les autres jours de la semaine.
Justement ,quand j’ai commencé à avoir cet emploi, c’est là aussi où j’ai commencé à prendre des cours de dessin à l'extérieur... enfin... en ayant ce revenu mensuel, j'ai pu commencer à faire d'autres choses pour moi et ça a aidé aussi : m'offrir un nouveau piano, m’offrir des cours de dessin… J'ai fait un an d'abord où je travaillais que le mercredi avant qu'on me propose un CDI à temps plein, au moment où la psychiatre me proposait d'arrêter les antidépresseurs.
Commencer le temps plein, avec l'arrêt des antidépresseurs, c’était pas non plus facile parce que j’en ai eu pendant 13 ans. Et donc le sevrage n’était pas facile mais une fois passé, en plus du sport que j'avais commencé depuis 2012, j'ai perdu les 30 kilos que j'avais gagné, en deux ans je pense, deux ans et demi. Depuis 2012 j’avais ces rituels où les mardis, les mercredis, les samedis et les dimanches je fais au moins un petit peu de sport.
Maintenant, j'arrive à travailler et à parler aux gens, à parler ici alors je sais que ça va être mis en public plus tard. Il y a toujours le stress, il y a toujours l’angoisse que j’ai depuis mes 12 ans. Mais j’ai eu les techniques, les moyens grâce à la thérapie comportementale et cognitive de vivre avec et de réussir à la diminuer pour qu'elle soit gérable, à la stabiliser pour pas qu'elle monte et surtout à combattre les pensées automatiques négatives qui viennent avec des pensées rationnelles et réelles. Donc des choses… transformer « tu vas t’humilier » en plutôt, « si quelqu'un va écouter ce podcast un jour, c’est quelqu'un qui est intéressé, je ne pense pas que ce soit quelqu’un qui soit dans le jugement puis tant pis au pire ».
Les gros piliers, et bien j’ai toujours un certain suivi bi-mensuel avec une psychologue. J’ai commencé une thérapie pour le stress post-traumatique. On a juste changé de thérapie parce qu’on arrivait au bout de la thérapie comportementale, et maintenant ce qu'il faut réussir à gérer, c’est le fond, ce qui me fait ressentir ces angoisses, le fait d'accepter d'avoir des émotions. Ce n’est pas lié à la dépression, et je pense pouvoir dire aujourd’hui que je m’en suis sorti. Mais, j’ai toujours quand même ce combat avec la phobie sociale, et même si j’arrive à avoir une vie plus ou moins normale, j’essaie encore d’arriver à toujours passer au-dessus, à me surpasser, et donc j’ai toujours quotidiennement ce suivi, ainsi que la psychiatre tous les trimestres mais c’est juste pour faire un point en général.
La psychiatre, c'est plutôt la coordinatrice du soins, alors que la psychologue est plutôt celle qui m'aide à me soigner. Je trouve ça assez important de dire « aide à me soigner », parce que c'est une fausse impression, quand on va voir les psychologues et les psychiatres, de se dire ça sert à rien parce qu'au bout d'une séance ce n’est pas réglé. C’est pas comme si on allait faire une chirurgie. Et eux, ils nous donnent les armes pour que nous, on se soigne.C’est facile à dire, c'est très dur à faire. Mais c’est important de se dire qu’on le fait pour nous, et ne pas non plus espérer que le personnel thérapeutique va nous soigner en un claquement de doigts. C’est un long travail mais ça vaut le coup.
La guérison, c’est cette lumière, c’est réussir à sortir de, comment dire, de ce puit gravitationnel qui m’aspirait et... de me retrouver plus ou moins dans l'espace, dans un endroit plein de possibilités, de lumière qui brille par-ci, par-là et l'envie de, de se rapprocher de cette lumière pour découvrir quelles bonnes choses elle peut présenter.
J’ai beaucoup parlé sur moi qui était en dépression, mais ce qui peut aussi aider l'entourage, c’est, par rapport à ce que je racontais dans le message d'espoir, c’est, d’écouter de de ne pas forcer. Je pense que, en tout cas c’est ce que je ressentais à ce moment quand j'étais en dépression, plus on me forçait, plus on me faisait la morale, je répondais oui parce qu’il fallait répondre oui, mais plus ça provoquait de la culpabilité, de la honte. Donc plutôt que de parler pour la personne ou parler à la place de la personne, écoutez ! Et si la personne ne veut pas parler pour l’instant, c’est qu’elle n’est pas prête. Je pense que ça a été bien dit dans le témoignage, c’est que l’important est d’être prêt. Et si on est pas prêt, on risque de faire plus de mal que de bien.
Parfois ça prend du temps mais... malheureusement pour les personnes qui vivent autour et qui sont sensibles à la souffrance de la personne qu’on aime et qui est face à nous…d’un côté, je peux comprendre l’envie de soigner la personne toute de suite et de faire bouger les choses, mais ce qui est difficile dans ces combats, c’est que c’est interne… et parfois d'essayer de faire à la place de la personne, ou de forcer la personne, ça peut faire plus de mal que de bien. Le plus important est donc d'écouter et de comprendre, d’essayer de comprendre parce que c'est difficile de comprendre quand on ne le vit pas, mais essayer.
Si j'étais face à quelqu’un qui était en dépression et qui ressentait plus ou moins...tout ce que je peux dire, c'est par rapport à ce que j'ai vécu… et donc qui ressentait plus ou moins ce que je ressentais, de la honte et de la culpabilité... ce que j’aurais plutôt envie de dire, c’est de pas avoir honte, c’est normal, et c’est tout à fait légitime d'avoir des faiblesses et de se sentir mal, et d’avoir une émotion qu'on considère plus ou moins négative, et c’est pas honteux de demander de l’aide quand on n’a pas les armes nous-mêmes pour réussir à surpasser ça.
Et ce n’est pas parce qu’on a l’impression que tout le monde dehors va bien qu’ils vont vraiment bien. On a tous nos faiblesses, et il n’y en a pas une qui vaut moins le coup qu’on y porte attention qu'une autre. En général, enfin je sais que moi, quand j’étais en dépression, j’avais l’impression que je ne méritais pas qu’on s’occupe de moi et qu’on m’aide.
Chaque souffrance mérite qu’on la regarde et qu’on y porte attention… et il n’y a pas de problème moins important qu’un autre.
Si je devais dire quelque chose à quelqu'un qui est en face de moi et qui est en dépression c’est… qu'elle existe et qu'elle a le droit d'exister, et qu'elle mérite d'exister, qu’on fasse attention à ce qu’elle a et donc de ne pas avoir honte de ce qu'elle ressent et oser demander de l’aide si c'est trop difficile.
C’est compliqué de...quand on est dedans, d’arriver à imaginer que ce sera mieux. Mais, c’est certes compliqué et le chemin est plus ou moins difficile suivant les personnes mais ça vaut le coup. Je veux dire, il y a dix ans encore, je ne pensais pas qu'aujourd'hui je serai plein de projets pour mon avenir, et finalement j’y suis arrivé. Je pense que si j’y suis arrivé, tout le monde peut y arriver aussi. Ce n’est pas facile mais oser accepter l’aide qu'on nous propose, et oser demander de l’aide pour en arriver là, ça vaut le coup.
I live with my mother at the moment who is retired. I work in a kindergarten in an associative structure which hosts children of which a third have disabilities.
With my friends right now… because of covid and restrictions, we don't go out a lot.
But hey, I’m happy to have my work colleagues, with whom we have a fairly family and warm atmosphere, so that’s great...
In terms of music, well, I'm more… I like music that is soothing… Ballads and classical music.
In classical I'm more of a Chopin fan and in terms of ballads, it alternates between a lot of Celtic music and sometimes a few Chinese or Korean ballads.
I do a lot of sports at home with rowing machines in particular, and other exercises to stay in shape. Especially when working with children, it’s better to be careful not to hurt yourself. I self taught myself piano, and ... I learned... I took drawing lessons a few years ago too.
These are things I do regularly at home. I play games, I read a lot, I watch TV. A rather banal daily life.
As I rather lived at night... in order to more or less avoid social contacts during the day... well, I was generally in the dark and as if there was only the light of the screens around me and something behind me which was trying to absorb me... and which more or less absorbed all good emotion... everything...
Everything that was good was sucked into the black hole and only the negative remained around me.
When I was little, I was more of a jovial person who liked to make people laugh, who wasn't afraid of being ridiculous who… who liked to be more or less the center of attention and little by little all that disappeared to… give way to a lack of confidence, a fear of being watched. It is in this sense that I believe that everything was been drained. All of me wanted to exist as before, but that wasn’t possible anymore..
It started more or less around the age of 12, and it progressed. It was during this period that I began to run away from social situations, therefore, to be out of school... I locked myself in... that's when I started to lock myself in a lot of… everything that is imaginary, reading, online games, video games, simply. And I didn't go out anymore, whereas before I remember rather enjoying going cycling, going to play football, going out with friends, and then I started to lose all contact with friends, since every times I said no to go out, then well, for a moment I was asked more, which is normal.
Family conflicts arose between me and my family, as they didn't understand what was going on around me, and I was more or less in denial. I did not want to accept having this difficulty, more or less… I didn’t accept to be different. I said that I didn't want to go to school, that I didn't want to see people, that I was playing, so little by little it started to create a conflict between me and my family.
It led to all the automatic phrases that come: why am I different, why do I feel this way, what did I do to deserve this… then little by little I wish I was someone else , or it would have been better if I disappeared, if I wasn't there. And there, it was rather around the age of 16 that I really began to feel strongly the desire not to be there, or the wish to disappear.
I lived in an environment, well in a city, where everything around me was quite violent. From college, everyone was quite violent and so if I was weak, I risked being among the people attacked because there was a sign of weakness. So there was more or less a defense system installing itself in me… in order not to fall victim to all that, which I could see on other people. Finally, there was a lot of denial on my part about my anxiety attacks and everything that prevented me from going to school, and from continuing to have a social circle.
For example, when a teacher asked me a question and asked me to go to the blackboard, I felt the anxiety rising. I had either the choice to get angry, or the choice to show that I was not well. And showing that I was not well was not an option. So in general, I would get angry and would get in conflict with the teachers, I would answer back, I would insult and everything. Nothing very glorious.
The crises generally began to come rather with automatic denigrating thoughts: “you see people are going to laugh at you”, “you suck”, “you don't know how to do it”… and little by little, I found myself suffocated by all that, and physically it was starting to show, because I was starting to tremble, to have watery eyes. So I fled, either through the conflict by letting everything out in a vulgar and violent way. Not physically violent, but violent in the way of speaking, precisely… so that it comes out, but not in a way to show that I don't feel well. And in general, when I was sent to the principal’s office, that's when I started to burst into tears, to let everything go.
The director and the college psychologist, they could see that there was still a lot of hidden suffering down there, and they were very understanding. They tried as best they could, since I wasn't the most cooperative either. Now as an adult, I can see that they did their job well, they did what they could do.
I kinda wanted to go out, but it scared me so much. For example, my brother invited me in the evening to go bowling with him and his friends, and I automatically told myself that it was going to be more unpleasant than pleasant. And so, there was this whole process that was set in motion to find an excuse not to go out.
What is very conflicting with social phobia, and the depression that followed, is the gulf between what I want to do, and what my body agrees to do.
I feel like it, then automatically, there are thoughts that come and which will contradict this desire, where I feel really motivated and as soon as I have to take the plunge, I can no longer move, I start shaking, which led to panic attacks. Finally, what was really very hard at first with these phobic symptoms was the loss of control of my body between the craving and the automatic defense response that my body had. I was in contradiction almost constantly.
I met a person with whom I stayed in a relationship for maybe six months. It was like most of the relationships I found at that time, it was like a medicine-relationships not a real shared relationship. I was in this constant search for calm, to feel good, and to feel loved and valued. It must have been very trying for the people I was with at the time.
The real triggerw as rather at 16. In college, I kept repeating my school year, since I was absent 9 months out of 10. Then for a while, I'm 16 years old, I can't be in middle school anymore, and you have to try high school, so I tried high school, then again it doesn't work. On the one hand, I hopd that the problemis middle school and that when you get to high school it works better, but in the end it doesn't. So again, complete … complete school drop-out and then, I finally agreed on my own to go see a psychiatrist. I had a real diagnosis on social phobia and I started to really let go. I no longer had a reason to be in denial, I could only accept having these difficulties and having something to heal, or else I could run away and more or less sink into depression. This is where it all started with a first suicide attempt.
I said to myself “I can no longer keep hiding my face, I have to understand, to see if I really have something”. The fact that it's real, finally that I really have a handicap, it was too difficult, I didn't see myself being able to manage all that. I said to myself "I'm going to be like this all my life".
I started to close myself during those four years, losing all social contact, living in conflict with my family and therefore in guilt of doing something wrong. And above all, not being able to do what I wanted to do, because I always liked learning, I always liked school, I wanted to go, but I couldn't, in the morning I I was paralyzed with fear, I stayed in my bed, I cried all day… usually, when the family came home from school or from work, I would go hide again out of shame, in my bed in general.
And afterwards, around the age of 16, when I more or less began to have my own rhythm, since I no longer went to school, I slept late, and I woke up quite late too. To avoid people, I went to bed around 6 a.m., only to wake up around 3, 4 p.m. and it was straight video games all night.
I was playing online, it was my only social contact with people other than my family, well it was the only way I had to have social contact. I could spend a lot of time there and usually it was until 6am, until I had no more strength to stand, which also allowed me to not start thinking. I was more or less trying to knock myself out and avoid my family's gaze, so I slept when they were awake. I played non-stop, non-stop, and either fell asleep to the music or because I was too tired not to have to think about what.
I also didn't feel pleasure in eating, it was like playing video games, like reading, it was a way to consume and fill something that was empty.
Sometimes, well even most of the times, I felt guilty for being happy. The guilt made me unable, there was something draining me every time I felt good, it lasted 5 minutes then it went away. So, I was more or less constantly looking for these little moments of respite.
I managed to have fun when I was playing, to have a good time, but it didn't stay and it usually left room for guilt afterwards.
I was in the hospital for a week, I had to try the day hospital. Well, it was the doctors that had a taxi pick me up, I didn't really have a choice.
Something had to be done, and I was told “you have to go there, you have to go there”. I ended up listening, even if it caused me a lot of anxiety attacks, suffering.
But I was resigned,.. in any case I do not control these crises, I do not control anything and so if I am told I have to go somewhere, I have to go, that’s what.
I started having my first antidepressants, and since I didn't want to feel much anymore, I just took whatever I could and try to knock myself out. Waking up in the hospital wasn't the best wake up I've had. But, I had a conflict between the desire to put a brake on all that, stop everything, sleep and not wake up, not feel all that anymore, but there was no… no more the desire to die, the desire to hurt someone. So it was quite contradictory, and more of a cry for help, to say I can't take it anymore.
There were two more. The second, I couldn't say at what age exactly, it was of the same kind. There was also scarification that added to everything else over the years.
And the third was a mixture of both, scarification and taking medication. And the third, which arrived around 22 years old, so 6 years after the first, it was more or less the trigger, which made me want to get out of all that, and find a way to get out of it.
I was seeing psychiatrists, but during those 6 years they listened to me, they advised me, they gave me medicine, it helped me, it was a crutch that I needed at that time anyway, but it wasn't really what I needed to manage to live with my social phobia as I do now. Everyone advised me behavioral and cognitive therapies except that it went through a psychologist... and for psychologists, there was no possible reimbursement unlike a psychiatrist. It was very complicated, being dependent on my mother, we generally lived in the red and on credit, and so it was not something that I could ask for, it was something that I knew that would help me but who was unattainable. And precisely, after this attempt, at the hospital, I told them that I was tired and that I couldn't take it anymore.
I want to get out of it, but I'm scared and I don't know what to do.
So there I was offered to go to a live-in hospital center… and just after I was contacted by a medico-psychological center (CMP) with a free place in behavioral and cognitive therapy. Being in CMP, everything is free, everything is taken care of. I was still very lucky that I as able to go at that time.
Directly I said yes, I started this therapy which did me a lot of good. It was very difficult because in general, everything related to phobia, in order to succeed in overcoming fear, you also have to confront it. It was very difficult, but I wanted to, as for the previous 6 years I was scared. From the moment I had the diagnosis that you are chronically depressed, I told myself that I still had an excuse.
At that moment, I had this trigger: the desire to surpass myself, the desire to get better was stronger than these fears and so I started this Cognitive behavioral therapy (CBT) and that's what did me the most good. I had to, from the beginning, in order to get out of depression, I had to set up fairly simple rituals, which finally seemed to me... which are simple for someone who is well but which were a nightmare for me at the time: take a shower every day, start shaving, change my hairstyle, start taking care of myself. Whereas before, I didn't care about myself... "I'm not a good person, I don't deserve to be taken care of".
And so it started with that, and then then there were all the exercises related to social phobia which are…. where we went outside, where I had to speak loudly, shout in the street to call from afar and so as to attract attention… dumb things like coming home with pen marks on my face. It may sound silly, but it's just to make it clear that there is no danger in being looked at, or in being a little embarrassed, and above all that before, it could have been dangerous, but now I'm an adult and I'm starting to have the weapons to defend myself if something goes wrong, I can talk, I can think and so if before it seemed dangerous for little Christopher, now it's no longer dangerous.
So there were all these little exercises, which little by little allowed me to regain self-confidence and, with all these little care rituals and even outside rituals, I began to take care of myself, to to shave on a certain day, to wash myself every day, to comb my hair.
There was also learning to do things that I want to do and that made me feel good. So I started to take drawing lessons, to really put myself at the piano and especially also sports because with all the antidepressants…., and what I ate because I filled my stomach with everything that passed, I had nevertheless gained almost 30 kilos, I had climbed to 90 kilos whereas we have always been quite thin in the family.
And so, I started to do sports, to move. It was always difficult to go out so sports, drawing, I always did these at home or I learned on my own, but still I was doing things, I was really starting to take care of myself, to think about what were my values, more than what were the values of society, that society wanted me to have...
I really forced myself at first. It wasn't easy and I couldn't make sense of what I was doing. And so, I more or less robotized myself if I may say so, I said to myself at that time I would do it. I do it, and little by little…. I managed to find meaning. I started to feel better precisely with this repetition because there was the desire to get out of it, out of depression.
I wondered a lot, at the same time, each time, to really explain to myself why... what's the point, and everything...
Not finding meaning was, for example, this exercise she called the good news journal. It was just to note, per day, three things that happened and that made me happy. In this concern for performance, in this concern for "if I wrote something, it must be good all the same"... I was really looking for great things, when in fact little by little I understood that it it was in the simple things that I would manage to feel good. So at first I searched a lot and I couldn't find it, I came back the following week with nothing written, I was frustrated, then, little by little while continuing to try, I ended up seeing that a nothing could make me happy and that nothing in the end was a lot. For example, in the morning I would open the shutter and a ray of sunshine touched my hand, the heat it produced on my hand did me good. Or I was going to my appointment... and I saw a flower, a flower coming out of the asphalt, and I found it strong, pleasant to look at. Just things like that. And little by little, all this assembly of little things does a lot of… good.
Before, I didn't observe anything. This particular exercise helped me to look at and listen to my body. Before, I was locked up in my body and all I listened to was the negative that had become so commonplace that I didn't even pay attention to it anymore... well, that was it.
My goal was to stop surviving and start living my life, start living for me. So for 4 years I put a brake on everything.
I stopped trying to go to school, I stopped trying to go to training, I stopped relationships and I just took care of myself.
After four years, I managed to enter training for taking care of children in their early childhood (CAP), which I got after a year. And that was my first real trophy. If I may say so... It was more or less a realization and it motivated me even more afterwards. Before doing this training, I had more or less started working part-time as a babysitter. Which also helped me, in connection with all my therapies, to go out, to have responsibilities and a social circle even if it's professional... Finding this professional life was also a great job among all these things that I 've put in place to get out of it.
I've always been sensitive, empathetic to everything related to childhood, to the psychology of children, since that's where my worries also started. In fact, when my phobic worries started, I researched a lot on the Internet, on psychology and therefore also on emotion. Child psychology has always attracted me since I was young, especially children with disabilities.
That's why I chose this structure which has one place out of three reserved for a child with a disability, which is generally not found in the municipality for logistical problems. This is often what we hear, if there is a child with a disability, you have to hire an additional adult. Except that here, out of the 30 children welcomed daily, we have at least 10 to 12 with disabilities and we are a very large team compared to the municipality, but they need it... the parents need, these children need us, and they have the right to be included in society. They have the right to be here.
We welcome all types of disabilities: children with autism, children with Down syndrome, behavioral disorders of any kind, or even motor or neurological disabilities…well, we welcome everything.
In fact, children bring us back to a certain reality... which makes us overcome this fear that we have at the beginning.
They make us forget their handicap, they make us forget our own difficulties, and there is something soothing in supporting these children.
Afterwards, in terms of relationships, as I was saying earlier, it was a lot of drug relationships, but... what led to the third and last suicide attempt was the end of a three-year relationship that was very fusional, very conflictual because the family… well, I was not accepted precisely because I didn't work, because people said that I was mentally ill, that I have a mental or psychological handicap, but… finally there was a lot of rejection in all this and a very difficult and very close relationship. So all this has always been linked to this concern that I had of over-consuming: playing too much, watching too much TV, reading too much... and there it was the same. I loved too much, but I loved badly.
There was also a big change at that time, it was that we changed cities. The pretty violent city I grew up in, where I saw horrible things just by looking out the window… It wasn't there anymore. I grew up in Grigny in the 91, and then we moved to Fontenay-sous-Bois in the 94, which is much calmer and less anxiety-provoking than where I grew up.
I had a really great psychologist who gave me a price in relation to what I earned, she had lowered her price for me, I was very lucky with this psychologist. When you are in depression, when you are a teenager, you often hear quite false things about psychologists or psychiatrists, hearing "it's no use talking to a stranger", "I saw one and it was useless and therefore it is useless”. It's not easy to find one or more psychologists with whom you get on well, but when you find one or one, everything you can manage to do whether you have a disability, depression, or that we're fine and that we just want this support, it's huge.
I saw her on Saturday mornings. At that time, I had found my first job, but I was afraid of full time. So, I had managed to find a job were I was only working on Wednesdays. I used to work there on Wednesdays, in a crèche in which I now work full-time precisely... only on Wednesdays and I continued to baby-sit the other days of the week.
Precisely, when I started to have this job, it is also there where I started to take drawing lessons outside... finally... by having this monthly income, I was able to start to do other things for myself and that also helped: buy a new piano, pay for drawing lessons... First I did a year where I only worked on Wednesdays before I was offered a full-time CDI, when the psychiatrist suggested I stop taking antidepressants.
Starting full time, with the cessation of antidepressants, was not easy either because I had them for 13 years. And so the weaning was not easy but once passed, in addition to the sport that I had started since 2012, I lost the 30 kilos that I had gained, in two years I think, two and a half years. Since 2012 I had these rituals where on Tuesdays, Wednesdays, Saturdays and Sundays I do at least a little bit of sport.
Now I get to work and talk to people, well… I am talk now so I know it's going to be for the public later. There is always the stress, there is always the anxiety that I have had since I was 12 years old. But I had the techniques, the means thanks to behavioral and cognitive therapy to live with it and succeed in reducing it so that it was manageable, in stabilizing it so that it did not rise and above all in combating negative automatic thoughts that come with rational and real thoughts. So things...turning "you're going to humiliate yourself" to more like, "if anyone is going to listen to this podcast one day, it's somebody who's interested, I don't think it's somebody who'll judge and then, too bad for them if they do”.
The big pillars, well I still have some bi-monthly follow-up with a psychologist. I started therapy for post-traumatic stress. We just changed therapy because we were coming to the end of behavioral therapy, and now what we have to manage is the background, what makes me feel these anxieties, the fact of accepting emotions. It is not related to depression, and I think I can say today that I got out of it. But, I still have this fight with social phobia, and even if I manage to have a more or less normal life, I still try to manage to always pass above, to surpass myself, and therefore I still have this follow-up daily, as well as the psychiatrist every quarter, but it's just to make a point in general.
The psychiatrist is more the coordinator of care, while the psychologist is more the one who helps me treat myself. I find it quite important to say "help to treat me", because it is a false impression, when you go to see psychologists and psychiatrists, to say to yourself that it is useless because at the end of a session is not settled. It's not like we're going to have surgery. And them, they give us the weapons so that we can heal ourselves. It's easy to say, it's very hard to do. But it is important to tell ourselves that we are doing it for us, and not to hope that the therapeutic staff will treat us in a snap. It's a long job but it's worth it.
Healing is this light, it is succeeding in getting out of, how to say, this gravitational well that was sucking me in and... to find myself more or less in space, in a place full of possibilities, of light that shines here and there and the desire to, to get closer to this light to discover what good things it can present.
I spoke a lot about the me who was in depression, but what can also help those around you is, compared to what I was saying in the message of hope, it is to listen and not force. I think that, at least that's what I felt at the time when I was in depression, the more I was forced, the more I was lectured, I answered yes because you had to answer yes, but i couldn't do it, so it just caused guilt, shame. So rather than speaking for the person or speaking for the person, listen! And if the person does not want to speak for the moment, it is that he/she is not ready. I think it was well said in the testimony, it is that the important thing is to be ready. And if we're not ready, we risk doing more harm than good.
Sometimes it takes time but...unfortunately for the people who live around and who are sensitive to the suffering of the person we love and who is in front of us...on the one hand, I can understand the desire to heal the person right away and to make things happen, but what's difficult about these fights is that it's internal… and sometimes trying to do it for the person, or to force the person, it can do more harm than good. The most important thing is therefore to listen and to understand, to try to understand because it is difficult to understand when you do not live it, but try.
If I was faced with someone who was in depression and who felt more or less the same...all I can say is in relation to what I experienced...and therefore who felt more or less this what I felt, shame and guilt... what I would rather say is not to be ashamed, it's normal, and it's completely legitimate to have weaknesses and to feel bad, and to have an emotion that we consider more or less negative, and it's not shameful to ask for help when we don't have the weapons ourselves to succeed in overcoming that.
And just because it looks like everyone out there is fine doesn't mean they're really fine. We all have our weaknesses, and no one is less worth paying attention to than another. In general, finally I know that me, when I was in depression, I had the impression that I did not deserve that one takes care of me and that one helps me.
Every suffering deserves to be looked at and paid attention to… and there is no problem less important than another.
If I had to say something to someone who is in front of me and who is depressed it would be… that he/she exists and that he:she has the right to exist, and that he/she deserves to exist, that 'we pay attention to what they have and therefore not be ashamed of what he/she feels and to dare to ask for help if it's too difficult.
It's complicated to... when you're in it, to imagine that it will be better. But, it is certainly complicated and the path is more or less difficult depending on the person but it is worth it. I mean, even ten years ago, I didn't think that today I would be a full of projects for my future. I think that if I made it, in my situation, anybody can make it. It's really difficult to accept help, it's really difficult to ask for help too, but it's really worth it.
Un de mes « clients », un psychiatre, m’a dit un jour : « à votre voix j’entends que vous n’allez pas bien », il faut consulter.
J'étais fonctionnelle mais tout a changé après la mort de mon mari. La dépression l’a conduit à se suicider. Je me suis retrouvée dans une spirale descendante.
Il y a un géant terrible qui ravage l'espace de ma pensée. Il s’impose et est assis sur la totalité de mon être. Et il doit tomber.
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