Natalia

Une boîte m'isolait du monde.

J'étais fonctionnelle mais tout a changé après la mort de mon mari. La dépression l’a conduit à se suicider. Je me suis retrouvée dans une spirale descendante.

Une boîte m'isolait du monde… en hiver, cela empirait encore… Avec le temps… la boîte est partie… Je suis scientifique en Autriche. Je suis née en Serbie. En 2018 j'avais 34 ans.

Comment j’ai ressenti la dépression? … Je pensais simplement que c’est comme ça que j'étais. Piégée. Il n'y avait pas moyen de s’en sortir. Je me sentais déconnectée émotionnellement.

J'étais fonctionnelle mais tout a changé après la mort de mon mari. La dépression l’a conduit à se suicider. Je me suis retrouvée dans une spirale descendante. Tout d'abord, LE CHOC - quand les policiers m'ont dit qu'ils avaient retrouvé son corps. Puis, un désespoir et un chagrin sans fin. La douleur et la tristesse étaient des choses que je pouvais parfois ressentir. Il n'y avait rien d'autre. Ma boîte était maintenant en plomb.

Cet épisode grave a été déclenché par la mort de mon mari. Si cela ne s'était pas produit, je n'aurais peut-être jamais demandé de l'aide... simplement parce que je pouvais plus ou moins faire la journée. Je ne me suis jamais rendue compte que les choses étaient différentes pour moi. On peut mesurer si nous sommes grands, gros, intelligents, en forme, rapides, etc., mais comment mesurez-vous si vous ressentez les choses comme vous devriez les ressentir?

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Je suis une personne très sociale. Personne, même pas moi, n'a eu l'idée de demander l'aide d'un professionnel avant de devenir complètement non-fonctionnelle.

Barbara, la psychiatre clinicienne, m'a littéralement sauvé la vie...

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Pour moi, cela n’a jamais été un moment eurêka (je ne savais pas que j’avais la dépression). C'était toujours un changement lent d'humeur. Subtil. Je n'ai pu réaliser le mérite qu'en rétrospective.

À l'époque, mon amie, une amie autrichienne du coin, m'a emmené dans une institution d'urgence. Je n'y suis pas allée en pensant "J'ai besoin d'aide". Je ne voulais tout simplement pas vivre. Je ne dormais ni ne mangeais. Je n'étais pas très sensible. Je me souviens qu'elle m'a emmené en voiture et elle a passé chaque minute de cette visite avec moi. Je ne me souviens plus maintenant comment ni pourquoi j'ai accepté de m’y rendre.

Barbara, la psychiatre clinicienne, m'a littéralement sauvé la vie, à la manière d'un urgentiste. Je n’avais pas confiance en elle au début. Mais grâce à sa patience angélique, elle m'a fait comprendre que j'avais besoin d'aide et qu'il y avait des moyens de m'aider.

Tout d'abord, je l'ai laissé m'aider à retrouver un sommeil normal, puis m'aider pour mes attaques de panique. Bientôt, je lui ai fais confiance et j'étais suffisamment forte physiquement pour essayer le traitement contre la dépression. Elle m'a aidé à chaque étape. Prendre des antidépresseurs est effrayant, mais pas aussi effrayant que l'abîme de la dépression; le néant de ma boîte de plomb d'horreur. Elle m'a informé des difficultés et effets secondaires auxquels je pouvais m'attendre. Et, pas à pas, la boîte avait disparu.

Je me sentais comme une personne aveugle qui commençait à voir toutes les couleurs du monde. J'ai eu du mal à accepter que je me sente vraiment bien. Et les gens ! Ils étaient tellement affectueux et chaleureux avec moi ! Je me sentais aimée ! Je pouvais sentir le soleil, la joie de Noël, la douceur des gouttes de pluie. La voix maléfique dans ma tête était tellement plus calme et douce.

Quand j'ai commencé à prendre des médicaments, les réactions chez les gens étaient très différentes. Ma famille était toujours avec moi. Cela m'a même fait sentir un peu de pression. Et si je ne vais pas bien? Ma mère a emménagé avec moi. J'étais suicidaire et souffrais de crises de panique intenses en raison d'un trouble de stress post-traumatique. Durant les pires jours, elle m'a littéralement lavée et nourrie comme si j'étais enfant (j'avais 31 ans à l'époque). Deux de mes amis m'ont emmené, à un moment très difficile du début du traitement antidépresseur, avec eux. Ils se sont assurés que je mange, que je dorme et que je me couche au soleil tous les jours pendant deux semaines. Je ne peux toujours pas imaginer la quantité de responsabilités qu’ils ont assumé!

Certains amis sont partis lentement. J'ai répété dans ma tête les mots de mon thérapeute: «Personne n'est en verre. S'ils ne veulent pas écouter, laissez-les partir. » Certains sont restés et ont essayé d'aider. Quelques-uns sont devenus encore plus proches. Et comme les médicaments commençaient à bien fonctionner et que je pouvais retrouver une vie normale, de nouveaux amis sont apparus. J'ai réussi à trouver un nouvel emploi à l'expiration de mon ancien contrat. J'ai eu de la chance, j'ai été honnête à propos de ma dépression lors de mon entretien d'embauche et j'ai reçu beaucoup d'amour et de soutien de la part de mon superviseur, Andreas, qui fait désormais partie de mes bons amis.

Le plus important, c’est que je n’ai jamais cessé de parler des problèmes auxquels j’ai pu faire face avec la dépression et qu’il y avait toujours quelqu'un qui était prêt à écouter. À la fin, mon histoire a aidé certains de mes amis à se faire soigner. La dépression est souvent une condition qui ne peut pas simplement guérir. Mais j'ai rencontré mes démons.

L'idée que ma boîte en plomb puisse m'emprisonner à nouveau me fait peur. Mais j'ai un avantage maintenant. J'ai vu cette boîte de l'extérieur. Mes amis et moi-même serons en mesure de la reconnaître - si jamais elle revenait.

Je sais que tu ne peux pas en parler… je suis passée par là. Obtenez l'aide d'un psychiatre professionnel. Si vous pouviez au moins jeter un coup d'œil en dehors de votre boîte de dialogue, discutez, discutez, discutez. Et parlez. Renseignez-vous, vos amis, vos collègues.

Plus nous nous aidons les uns les autres, moins il y aura de la souffrance. Ne souffrez pas en silence. Je suis ici pour te tenir la main.

A box isolated me from the world… in winter, that would get even worse... With time…. the box was gone…

I am 34 years old and I am scientist in Austria. I was born in Serbia. How did it feel to have depression? Interesting question… I didn’t. I just thought that is simply the way I am. I was just trapped. There was no way out of any situation. I felt emotionally disconnected. I was functional but it all changed after my husband's death. Depression lead him to commit suicide. This sent me on a downward spiral. First came SHOCK - when police told me they found his body. Then despair and the endless grief. Pain and sadness were things I could sometimes feel. There was nothing else. My box was now made of lead.

This severe episode was triggered by the death of my husband. If that didn't happen, I might have never asked for help simply because I was more or less able to go about my day. It never even occurred to me that things were different for me. One can measure if they are tall, fat, smart, fit, fast etc, but how do you measure if you are feeling things the way you should feel them?

I am a socially very well connected person. No one, not even I, thought of asking for professional help before I became completely nonfunctional.

Barbara, the clinical psychiatrist, literally saved my life, like an ER doctor.

I didn’t trust her in the beginning. But through her angelic patience she made me understand that I needed help, and that there are ways I can be helped.

For me it was never (an evrika) moment (I didn’t realize that I had depression). It was always a slow change of moods. Subtile. I was able to realise merit only in retrospective. My depression came in a nice package with social anxiety. They are all demons. Terrible ones. They convince you that whatever they feed into your mind is the absolute truth.

At the time, my friend, a local, took me to an emergency institution. She must have approached me very gently. I didn't go there thinking "I need help." I just didn't want to live. I wasn't sleeping or eating. I wasn't very responsive. I remember her taking me into the car and she spent every minute of that visit with me. I do not remember now how or why did I agree to go.

Barbara, the clinical psychiatrist, literally saved my life, like an ER doctor. I didn’t trust her in the beginning. But through her angelic patience she made me understand that I needed help, and that there are ways I can be helped.

First I let her help me sleep. Then I let her help me with my panic attacks. Soon, she had my trust and I was physically strong enough to try the therapy against depression. She helped me through every step of it. Getting on and off antidepressants is scary, but not as scary as the abyss of depression; the nothingness of my lead box of horror. She told me what difficulties and side effects I can expect. And, step by step, the box was gone.

I felt like a blind person that was starting to see all the colors of the world. I had troubles accepting that I am actually feeling fine. And people! They felt so loving and warm! I felt loved! I can feel the sun. The joy of Christmas time. The softness of raindrops. The evil voice in my head was so much calmer and gentler.

When I started taking medications it caused very different reactions in people. My father thought therapy and medication is a bunch of bullshit and that I should just get up and go on with my life. It lead to a lot of conflict between us. My family (my mum and stepdad) were always with me. That made me even feel a bit of pressure. What if I don’t get well?

My mom moved in with me. I was suicidal and suffered heavy panic attacks due to post traumatic stress disorder. Through the worst days she litterally washed me and fed me just like when I was a child (I was 31 at the time). Two of my friends took me, at a very difficult time of starting antidepressant therapy, to travel with them. They made sure I ate, slept and set in the sun every day for two weeks. I still can’t imagine the amount of responsibility they took over!

“No one is made of glass. If they don’t want to listen, let them leave.”- my therapist told me. Some friends slowly went away. Some stayed and tried to help. A few became even closer. And as the medication started working well and I was able to return to normal life, some new friends came by. I managed to get a new job once my old contract expired. I was lucky, I was honest about my depression at my job interview and I received a lot of love and support from my supervisor, Andreas, who is now also among my good friends.

What is most important here is that I never stopped talking about the problems I am facing living with depression and there was always someone who was ready to understand and listen. In the end, my story helped some of my friends to seek treatment. Depression is often a condition that can’t just heal. But I met my demons. The idea that my fogy lead box can creep upon me once again frightens me. But I have an advantage now. I have seen this box from the outside. I, and my friends, will be able to recognise it - if it ever comes back.

I know you can’t talk... I have been there. Get help from a professional psychiatrist. If you could manage to at least peek outside of your lead box, talk, talk, talk. And talk. Educate yourself, your friends, colleagues. The more of us learn how to help ourselves and others the less suffering souls there will be. Don’t suffer in silence. I am here to hold your hand.

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